David Firth,Le message de Josué, Éditions Grâce et Vérité, Charols 2017, 288 pages, ISBN 978-2-85331-068-0, € 18 ou CHF 20.70.
David Firth est professeur d’Ancien Testament et doyen au Trinity College de Bristol, en Grande-Bretagne. Il est l’auteur de plusieurs commentaires bibliques et de divers livres sur l’interprétation de l’Ancien Testament.
Le livre de Josué avec son récit violent de la conquête du pays de Canaan par les Israélites heurte la plupart de nos contemporains qui l’utilisent même parfois pour rejeter Dieu et la Bible. Il laisse même bien des chrétiens perplexes, tant ses valeurs leur paraissent aux antipodes de celles du Nouveau Testament.
Ces questions sont à l’arrière plan de Firth quand il rédige son commentaire. Il a prêché et enseigné Josué d’abord dans une Église, comme pasteur, puis comme professeur à ses étudiants. Il faut se débarrasser des clichés hérités de l’école du dimanche ou du catéchisme, voire des Negro Spirituals, qui glorifient Josué comme chef de guerre, surtout avec la prise de Jéricho. Ensuite, il faut écouter ce que le texte biblique dit vraiment. La perspective de son commentaire, présentée dans l’introduction, est très intéressante et à mon sens renouvelante. L’affirmation « Israël est un peuple avec un rôle missionnel, et non un peuple avec un héritage génétique » (p. 17) est une clé pour comprendre le message de Josué. On adhère au peuple de Dieu (Israël) par la foi et non en vertu d’un héritage ethnique. Firth en veut pour preuve ces deux personnages-types opposés que sont Rahab et Akan : Rahab est une prostituée (peut-être sacrée) cananéenne, qui est à cent lieues de correspondre au standard requis pour faire partie du peuple d’Israël, et pourtant elle y sera agrégée à cause de sa foi. À l’opposé, Akan, malgré son pedigree israélite impeccable, en sera retranché, parce qu’il a désobéi. Les Gabaonites (chap. 9) en donnent un autre exemple : bien qu’ils se soient alliés à Israël par ruse, ils ne seront pas massacrés et seront fidèlement inclus à Israël, parce qu’ils ne se seront pas battu contre Israël ; idem pour autres cananéens qui ne se seront pas opposés activement à Dieu et à son peuple. Firth rappelle que la terre appartient à Dieu qui a le droit de la donner à qui il veut. Quand il a appelé Abraham, dans le but que toutes les nations soient bénies en lui, il lui a promis une descendance et un pays (Gen. 12,1ss). Ce plan de donner le pays a été en quelque sorte retardé, parce que le péché des Cananéens n’était pas à son comble (Gen. 15,16).
L’auteur ne nie pas que la conquête de Canaan ait entraîné quelques massacres, mais ceux-ci sont très loin d’avoir atteint l’ampleur que leur prête une interprétation naïve du texte. Ces massacres touchaient seulement ceux qui s’opposaient en combattant contre Israël. Il faut lire correctement Josué 10-11 selon les schémas des récits antiques de conquêtes. Quand on dit qu’une ville a été détruite, cela veut dire simplement que son armée a été vaincue, mais sous-entend que la population s’était fondue dans la nature, à l’arrivée des Hébreux. Il en veut pour preuve qu’Hébron, par exemple, décrite comme entièrement détruite (Jos. 10,36-37), est offerte plus tard à Caleb qui dut la conquérir et en chasser les habitants (Jos. 15,13-14). La population n’avait donc pas été entièrement massacrée.
Dans une perspective néotestamentaire, Firth voit le livre de Josué comme une étape qui conduit à Jésus-Christ ; il nous enseigne que le jugement de Dieu existe certes, mais que Dieu est fidèle à ses promesses d’amener le salut dans le monde et qu’il est toujours possible d’en bénéficier en adhérant à son peuple par la foi.
Le commentaire est cursif, il s’attache à faire ressortir le message de Josué, comme le précise le titre. Par conséquent, on n’y trouvera pas d’analyse littéraire bien charpentée, ni d’étude lexicographique détaillée, ni même de discussion sur l’historicité du livre (seulement quelques renvois à des ouvrages sur la question). On sent que l’auteur a fait ce travail d’analyse dont les résultats apparaissent clairement dans son commentaire. Le sens de chaque chapitre étudié est bien présenté ainsi que sa place dans l’architecture de l’ensemble. Ce livre aide à appliquer le message de Josué et apporte un complément bienvenu à des commentaires exégétiques parfois desséchants. A ce titre, il rendra de précieux services à toute personne qui voudra animer des études bibliques ou apporter des prédications sur le livre de Josué.
Alain Décoppet
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