Daniel Marguerat, Et la prière sauvera le monde, Éd. Cabédita 2016, Collection « Parole en liberté », ISBN : 978-2-88295-764-1 – 96 pages – € 14,50 ou CHF 22.–.
Daniel Marguerat, professeur honoraire de Nouveau Testament de l’Université de Lausanne, est bien connu, tant par ses ouvrages scientifiques que de vulgarisation sur Jésus et les origines du christianisme, notamment un magistral commentaire sur les Actes des Apôtres en 2 volumes. Depuis quelques années, il s’est mis à publier également des ouvrages que je définirais comme plus axés sur la spiritualité, mais qui n’en demeurent pas moins fondés sur la vaste connaissance biblique de l’auteur. C’est à cette catégorie que je rattacherais le riche petit volume susmentionné.
Ce livre m’a fait du bien, car au lieu de nous entrainer vers un marathon de la prière propre à donner des complexes à ceux qui n’ont pas trop de souffle spirituel, l’auteur nous apprend à être devant Dieu. Il donne d’emblée une très belle définition de la prière : « Prier, c’est laisser Dieu advenir en nous et faire en nous son travail de salut. Prier, c’est exister devant Lui et se déclarer accessible à Lui. Devenir peu à peu l’enfant du Père. Je ne serai pas sauvé malgré moi : la prière est ce « oui » à Dieu qui l’autorise à me transformer ». (page 8).
Dans le premier chapitre (« Oser prier »), il invite le lecteur à prier en partant de la Parabole des trois amis de Luc 11 : la prière, c’est avoir les mains vides et demander à Dieu (l’ami qui a) pour l’ami qui n’a pas (notons que si l’on a, il faut partager ; la prière ne saurait être l’alibi à notre égoïsme ou à notre paresse).
Le chapitre suivant (« Quel Dieu nous prions ») rappelle que Dieu n’est pas un tyran qu’il nous faudrait apitoyer, mais un Père qui nous aime, veut notre bien. Nous pouvons aller à lui en nous reconnaissant fragiles et pécheurs.
Ensuite, Daniel Marguerat passe à « L’exaucement ». Il rappelle d’abord, avec Michel Bouttier (p. 58), que ce n’est pas la prière en elle-même qui est puissante, mais le Père à qui nous nous adressons : tout lui est possible. Mais l’exaucement est lié à sa volonté. S’il ne répond à notre demande de la manière attendue, c’est une invitation à découvrir sa volonté dans un autre cheminement, comme Jésus nous en donne l’exemple ; à Gethsémané : « Ta volonté, et non la mienne ». Et de conclure ce développement en rappelant cette formule attribuée à Luther : « Prions… la suite ne nous regarde pas » (p. 69).
Et il termine son livre en parlant de « La prière qui transforme ». À l’école de Sœur Myriam de Reuilly, il rappelle que dans notre face à face avec lui, Dieu peut nous évangéliser , nous transformer par son Esprit qui nous fait entrer dans le Règne qui vient, et nous entraine à prier la prière de Dieu.
L’auteur n’esquive pas les sujets délicats, comme les prières non-exaucées, les psaumes imprécatoires, la question de savoir si les bienfaits de la prière sont une autosuggestion, etc. L’auteur se fait aider en cela par une sympathique petite voix qui lit par-dessus son épaule et lui pose, par-ci, par-là, à point nommé, des questions qui pourraient monter à l’esprit de tout lecteur perspicace. Le livre est bien écrit, très équilibré, fondé sur des exégèses solides, où le lecteur découvrira ou redécouvrira les grands textes bibliques consacrés à la prière.
Alain Décoppet
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