Matthieu Richelle, 2 ROIS 2,19–13,25 – le cycle d’Élisée

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Matthieu Richelle, 2 ROIS 2,19-13,25 – le cycle d’Élisée, – Coll. Commentaire de l’Ancien Testament (CAT) – Genève, Éditions Labor et Fides, 2023 – ISBN : 978-2-8309-1782-6 – 400 p. – € 34.- ou CHF 41.-.

Matthieu Richelle est professeur d’exégèse de l’Ancien Testament à l’Université catholique de Louvain, après avoir enseigné la même matière à la Faculté Libre de Théologie Évangélique, à Vaux-sur-Seine. Spécialiste des livres des Rois et de leur critique textuelle, il a publié plusieurs ouvrages sur ce sujet, en anglais et français, ainsi notamment qu’un commentaire sur les 11 premiers chapitres de la Genèse et un Guide pour l’exégèse de l’Ancien Testament.

Ce volume, portant sur le cycle d’Élisée (2 R 2,19 à 13,25), est le premier d’un plan prévoyant le commentaire des deux livres des Rois, dans le cadre du CAT ; c’est dire qu’on se trouve face à un ouvrage « costaud » qui correspond bien aux standards auxquels la collection nous a habitués.

Le commentaire contient une introduction à la critique textuelle des deux livres des Rois en tenant compte du Texte massorétique, des manuscrits de la Mer Morte, des Targums, des versions grecques (LXX, etc.), latines et Syriaques – une introduction générale à 1-2 Rois étant réservée à un autre volume. En revanche, on trouve une introduction au cycle d’Élisée avec un plan qui permet au lecteur de comprendre comment il est structuré.

Le commentaire de chaque péricope est très complet, avec :

  • Une bibliographie.
  • Une traduction du texte hébreu, parfois reconstitué en tenant compte des anciennes versions. Une abondante annotation justifie ensuite ces reconstitutions ou fait état de variantes, parfois significatives.
  • Une vue d’ensemble synchronique présentant le texte tel qu’il est, complétée ensuite d’une analyse diachronique qui tente d’expliquer l’histoire de la rédaction du texte. Je remarquerais personnellement le caractère relativement subjectif de ces reconstitutions de l’histoire rédactionnelle : Richelle voit par exemple à plusieurs endroits des interpolations que les scribes auraient indiquées en faisant une « reprise » (Wiederaufnahme) : il s’agit d’une phrase ou d’une partie de phrase que le scribe écrirait au début de son interpolation et répéterait à la fin pour indiquer qu’il va reprendre le fil de son texte. C’est certes possible, mais ma pratique de la Rhétorique biblique sémitique (RBS), m’a habitué à voir, dans de tels répétitions, ce que Roland Meynet appelle, selon les cas, soit des termes initiaux, finaux ou extrêmes qui servent à marquer les unités littéraires – ces deux types d’analyse pourraient d’ailleurs se combiner.
  • Une évaluation historique, quand c’est pertinent – par exemple quand un roi d’Israël ou de Syrie est mentionné dans les sources du proche orient ancien.
  • Une explication.

La force de ce riche commentaire est qu’il se prête à divers usages où chacun pourra trouver ce dont il a besoin : le spécialiste curieux d’avoir l’avis d’un collègue éclairé y trouvera une abondante matière, mais le pasteur cherchant à bien comprendre le texte pour une prédication ou une étude biblique y trouvera aussi son compte.

Par ce savant dosage entre approches diachronique et synchronique, Matthieu Richelle présente un commentaire qui pourrait servir de modèle à d’autres commentateurs.

Alain Décoppet

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