Ben Mitchell, L’éthique et la réflexion morale – Guide d’étude, Saint-Légier, HET-PRO 2022 – ISBN : 978-2-940650-08-8 – 128 pages – CHF 18,00 ou € 22,—.
C. Ben Mitchell (PhD, Université du Tennessee) est titulaire de la chaire de philosophie morale à l’Union University à Jackson, Tennessee, et est le rédacteur en chef de Ethics & Medicine : An International Journal of Bioethics. Il est l’auteur de nombreux articles scientifiques et a contribué à plusieurs livres.
La Bible ne fournit pas de réponses explicites par exemple sur le mariage pour tous, la Procréation Médicalement Assistée, le Genre, l’Intelligence Artificielle… Les jeunes qui ont baigné dans un monde où le christianisme a perdu de son influence, sont mal outillés pour faire face à ces questions… et les anciens, quelque peu déphasés, ont peine à leur donner des réponses pertinentes. Ce petit livre se veut donc un guide pour construire une éthique chrétienne respectueuse de la Bible.
Après une introduction où il donne quelques notions de la science de l’éthique, l’auteur développe, en six chapitres, la matière de son ouvrage.
La première question traitée (pp 19ss) est le relativisme : il n’y a plus aujourd’hui de norme morale absolue, car le bien ou le mal sont fonction de la culture ; mais à ce moment-là, pourrait-on qualifier l’esclavage de bon, parce qu’il fait partie d’une culture donnée ? et que dire alors de la volonté de changement : si la ségrégation raciale avait dû être considérée comme bonne, parce que faisant partie de la culture des États du sud, aux USA, alors Martin Luther King n’aurait eu aucune raison d’être !
Les deux chapitres suivants (pp 29-68) font une rétrospective de l’histoire du raisonnement moral : l’auteur montre que la vision judéo-chrétienne a marqué largement, et de façon positive, la civilisation occidentale, dans plusieurs domaines de l’éthique : le mariage et la sexualité (Gn 1,26ss et 2,18-25) ; le travail (Gn 1.28-30 ; 2,15), la dignité de la vie humaine – l’homme étant image de Dieu (Gn 1.26ss et 5.1ss). Le droit des pays christianisés a aussi été influencé par la Bible : le décalogue donne des principes généraux qui, sans couvrir tous les cas, ont trouvé des applications dans le droit de la famille (lieu de l’apprentissage de l’autorité et de la fidélité, pour avoir des foyers stables) ; le droit commercial où l’honnêteté et la bonne foi sont réclamés. Enfin l’ordre de ne pas convoiter génère des citoyens motivés pour obéir à la loi – une société doit pouvoir compter sur de telles personnes et ne peut se construire sur la peur du gendarme. Notons encore que la personnalité de Jésus et son enseignement (notamment le Sermon sur la montagne) ont marqué profondément la mentalité occidentale quant à l’amour, au respect de l’autre, à la justice…
L’auteur poursuit (pp 69ss) avec un chapitre consacré à l’éthique du siècle des lumières, avec la question fondamentale : « Est-il possible d’être bon sans Dieu ? » Puis il passe en revue (pp. 83ss) les éthiciens évangéliques majeurs qui ont pris la Bible comme « norme normante » de système – dommage qu’il ne présente, à une exception près, que des auteurs américains. Il termine par des conseils pratiques sur la manière d’utiliser la Bible pour élaborer des décisions morales (pp 97ss).
Dans sa conclusion (pp 107-8), il rappelle la nécessité d’aimer les hommes, à l’exemple de Jésus, et de chercher avec eux le but pour lesquels Dieu les a créés.
Un choix utile de définitions de l’éthique chrétienne, un glossaire, un bref tableau chronologique, des index et une bibliographie complètent cet ouvrage et en font, malgré sa brièveté, une bonne initiation à l’éthique chrétienne.
On regrettera que, lors de la traduction, on se soit simplement contenté d’ajouter une bibliographie des éthiciens francophones, sans présenter ni discuter les plus importants d’entre eux, de manière à permettre au lecteur de faire le pont avec leurs recherches.
Alain Décoppet
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