Pourquoi l’Évangile de Jean est-il différent des autres ?

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Richard Bauckham

Cet article a été traduit par Jonathan Hanley

Pourquoi l’Évangile de Jean est-il différent des trois autres Évangiles ? La plupart des lecteurs qui possèdent une connaissance raisonnable des Évangiles se rendent compte que Jean est différent, même s’ils ont du mal à mettre précisément le doigt sur cette différence. Bien sûr, il est important de noter que les quatre Évangiles sont tous différents les uns des autres. Matthieu, Marc et Luc présentent chacun une version distincte de l’histoire de Jésus et ils la racontent à partir d’une perspective qui leur est propre. Il est également vrai que les quatre Évangiles se ressemblent par bien des aspects importants. Ces similitudes peuvent être mises en évidence en comparant les quatre Évangiles canoniques avec quelques Évangiles non-canoniques, tels ceux, dits gnostiques, de Nag Hammadi. Les quatre Évangiles canoniques racontent l’histoire de Jésus au moins depuis son baptême jusqu’à sa résurrection. Les Évangiles gnostiques ne racontent pas du tout l’histoire de Jésus. La plupart se présentent comme des dialogues qui auraient eu lieu après sa résurrection et dans lesquels Jésus ressuscité parle avec un groupe de ses disciples, révélant des vérités ésotériques qu’il n’avait pas enseignées pendant son ministère public. À la différence de ces Évangiles, les quatre Évangiles canoniques présentent des similitudes frappantes les uns avec les autres. Jean ressemble beaucoup plus aux trois Évangiles synoptiques qu’à tout autre Évangile non-canonique.

Néanmoins, malgré cette similitude générale entre les quatre Évangiles canoniques, et même à la lumière des différences entre les Synoptiques, les aspects distinctifs propres à Jean sont plus frappants que ceux des trois autres.

En quoi l’Évangile de Jean est-il différent ?

Je n’essaierai pas de répertorier toutes les différences entre Jean et les Synoptiques, mais j’en commenterai quelques-unes, à commencer par celles auxquelles on n’accorde pas souvent beaucoup d’attention.

(1) Il se passe beaucoup moins de choses dans Jean.

Les récits de miracles représentent un bon exemple de cette différence. Marc, le plus court des Évangiles, en relate dix-huit. Matthieu nous en raconte vingt et Luc dix-huit. Jean nous en livre seulement huit. Est-ce à dire que les miracles ne sont pas importants pour Jean ? Pas du tout ; au contraire, ils sont très importants. Mais parmi toutes les histoires qu’il aurait pu raconter, Jean a sélectionné les exemples les plus impressionnants et les plus significatifs de son point de vue. Cela lui permet d’accorder plus d’attention à ceux qu’il sélectionne, d’en faire un récit prolongé et d’accentuer la signification de ces événements qu’il appelle les « signes » de Jésus.

Jean est sélectif ; il le dit explicitement, en deux endroits, dans la conclusion de son Évangile : d’abord spécifiquement en lien avec les miracles (« Jésus a fait beaucoup d’autres signes… qui ne sont pas écrits dans ce livre » [20,30]), puis plus généralement (« Il y a aussi beaucoup d’autres choses que Jésus a faites » [21,25]). Alors que Matthieu et Luc accumulent autant de matériaux que possible dans leur Évangile, abrégeant les récits de Marc pour faire de la place à de nombreuses autres traditions, Jean poursuit une approche tout à fait différente pour la rédaction de son Évangile. En opérant un choix rigoureux, Jean se donne de l’espace pour deux éléments clés de son Évangile : la narration et la réflexion interprétative. Jean est un conteur brillant, et les autres Évangiles ne présentent rien de comparable à ses longs récits, comme la résurrection de Lazare ou la conversation entre Jésus et la femme Samaritaine. Jean livre en exclusivité une série de rencontres et de dialogues en tête-à-tête avec divers personnages très différents (Nicodème, Pilate, Pierre et d’autres). Ces récits combinent habilement la présentation de personnages caractéristiques à un subtil commentaire théologique qui permet d’éclairer de façon attractive l’histoire de Jésus 1, Grand Rapids, USA, Baker Publishing, 2015, pp 13-17. ] .

(2) L’Évangile de Jean est focalisé sur Jérusalem.

Deux raisons expliquent pourquoi l’histoire que Jean raconte semble différer des Synoptiques :

  1. elle relate moins d’événements individuels ;
  2. dans Jean, Jésus se trouve à Jérusalem beaucoup plus souvent que dans les autres Évangiles. Le Jésus de Jean passe beaucoup de temps dans le centre névralgique de la vie juive (le cœur du monde, aux yeux des Juifs). Il s’y trouve pour prendre part à des débats avec les dirigeants de la théocratie juive et participer aux festivités du Temple où tout le monde se réunit pour célébrer symboliquement l’histoire de Dieu avec son peuple.

(3) L’Évangile de Jean est rédigé selon une trame narrative bien définie.

Une autre différence entre le récit de Jean et celui des Synoptiques est que son récit est composé d’une suite d’événements qui s’enchaînent les uns aux autres. Certes, les autres Évangiles comportent bien des éléments d’intrigue, mais Jean a structuré son récit de façon plus cohérente, de sorte que le lecteur, guidé par le fil de l’histoire, en perçoit le développement progressif, jusqu’à son apogée. Par exemple, au cours de visites successives effectuées par Jésus à Jérusalem, nous voyons s’intensifier l’opposition des autorités du Temple jusqu’à la résurrection de Lazare : celle-ci constituera l’ultime provocation qui les conduira à comploter de le mettre à mort. Jean a une profonde compréhension théologique de la mort de Jésus ; cela ne l’empêche pas non plus, au simple niveau historique, d’avoir un récit plus convaincant que les Synoptiques sur les raisons de sa mise à mort.

(4) Dans l’Évangile de Jean, Jésus s’exprime de manière à la fois similaire et différente que dans les Évangiles synoptiques.

D’une part, le Jésus de Jean partage avec celui des autres Évangiles plusieurs expressions caractéristiques de son vocabulaire. À propos de lui-même, il utilise le terme Fils de l’homme , et ne se désigne pas comme Messie . Il s’adresse à Dieu en l’appelant Père et parle d’être envoyé par Dieu . Il emploie des formes d’expression figurative (bien que, formellement, elles aient tendance à être plutôt des allégories que les paraboles des Synoptiques). D’autre part, certaines expressions caractéristiques de Jésus dans Jean ne se trouvent jamais ou très peu dans les Synoptiques : il préfère par exemple « vie éternelle » à « royaume de Dieu », si fréquent dans les Synoptiques ; il utilise les images de la lumière et de l’obscurité et quand il fait référence à lui-même, il est « le Fils », dans sa relation avec le Père. Insistons sur l’importance réelle des similitudes et des différences existant entre la manière dont Jésus s’exprime dans les Synoptiques et dans Jean. Une clé pour expliquer ces différences, se trouve dans l’observation du fait suivant : une partie du langage caractéristique de Jean apparaît dans les passages où il s’exprime pour son propre compte, comme dans le Prologue, et où il ne rapporte pas directement les paroles de Jésus. La différence particulière à Jean se trouverait-elle donc dans la manière dont il mettrait librement ses propres mots dans la bouche de Jésus, attribuant sa propre théologie à Jésus ? Je pense que, tout en reconnaissant les similitudes et les différences, il serait plus à propos d’affirmer que ce que Jésus disait ou voulait dire, est exprimé au moyen de l’interprétation réfléchie de l’évangéliste.

(5) Jésus est clairement appelé Dieu.

L’Évangile de Jean est le seul à utiliser le terme « Dieu » à propos de Jésus. Il le fait à trois reprises – deux fois dans le Prologue et une fois dans la confession de Thomas, au point culminant de la narration – encadrant ainsi l’ensemble du récit. À quel point ces éléments représentent-ils un contraste avec les Synoptiques ? De nombreux spécialistes, dont moi-même, ont réévalué la christologie des Synoptiques et soutiennent qu’en fait, chacun des Évangiles présente une christologie haute, attribuant à Jésus une identité pleinement divine. Néanmoins, il est raisonnable d’affirmer que cette présentation, implicite dans les Synoptiques, est plus explicite dans Jean. En même temps, il est important de relever que le Jésus de Jean est tout aussi clairement humain. Aucun autre Évangile ne place autant l’accent sur la fragilité physique et les émotions humaines de Jésus. Ainsi, la différence entre Jean et les Synoptiques pourrait certainement être exprimée plus exactement de la manière suivante : Jean est plus explicite et réfléchi que les Synoptiques sur l’identité divine et humaine de Jésus. Cette affirmation n’est certainement pas un compte-rendu exhaustif des différences entre Jean et les Synoptiques 2, pp 188 197 . ] (nous en évoquerons d’autres prochainement), mais la formule nous permet de clarifier ce que nous cherchons à expliquer.

Pourquoi l’Évangile de Jean est-il différent ?

On entend souvent dire que les différences entre Jean et les autres Évangiles proviennent du fait que les Synoptiques seraient plus historiques alors que Jean serait plus théologique. Cette approche simpliste ne suffit pas, car elle sous-estime à la fois la valeur théologique des Synoptiques et la valeur historique de Jean. Les études les plus récentes sur les Évangiles ont permis d’étayer cette affirmation.

Pourtant, nous ressentons encore l’influence d’une longue tradition qui considère Jean comme de la théologie et non pas de l’histoire. La plupart des spécialistes (mais non pas tous) ont été réticents à accuser Jean d’inventer un ensemble de mensonges historiques en tentant de les présenter comme de l’histoire, à l’image des mauvais historiens parodiés par Lucien de Samosate dans son ouvrage Comment il faut écrire l’histoire . Il est devenu presque normal de supposer que Jean n’avait pas l’intention d’écrire de l’histoire et ne devrait donc pas être lu comme un historien. Ses narrations ne seraient pas des récits d’événements passés, mais des histoires symboliques composées pour leur signification théologique. Certains ont prétendu que ses écrits sont une sorte de poésie qui ne doit pas être confondue avec de la prose historique. Mais une telle approche ne peut être soutenue quand nous plaçons l’Évangile de Jean dans son contexte littéraire de l’antiquité. Les mauvais historiens de l’époque, ceux qui inventaient librement des éléments de leurs récits, écrivaient néanmoins de l’historiographie. Ils écrivaient des œuvres qui étaient facilement reconnaissables, par leur genre littéraire, comme étant de l’histoire. Et il faut reconnaître que, selon son genre, l’Évangile de Jean se présente, à l’instar des Évangiles synoptiques, comme un bios , une biographie, la vie d’une personnalité célèbre, comparable à d’autres biographies gréco-romaines que nous connaissons. Toutes les différences que nous avons relevées entre Jean et les Synoptiques soulignent l’aspect spécifique de l’approche de l’auteur du quatrième Évangile dans sa manière d’écrire la vie de Jésus, mais sa biographie n’en est pas moins que les autres un récit de la vie de Jésus. Les Évangiles dits gnostiques qui ne sont pas des récits de la vie de Jésus, en diffèrent fortement de par leur genre .

Les biographies anciennes étaient un type spécifique de littérature historique. Mais je ne me limiterai pas à classer Jean et les Synoptiques dans la même catégorie. J’irai jusqu’à dire que Jean présente certaines caractéristiques qui, pour les lecteurs ou les auditeurs de son époque, auraient fait de cet écrit un document historique considéré encore comme meilleur que les Synoptiques 3) de Richard Bauckham, The Testimony of the Beloved Disciple: Narrative, History, and Theology in the Gospel of John [Le témoignage du disciple bien-aimé : narration, histoire et théologie dans l’Évangile de Jean], Grand Rapids, USA, Baker Publishing, 2007, pp 93-112. ] .

(1) L’Évangile de Jean est remarquable pour sa précision géographique et chronologique, ce que les lecteurs anciens attendaient d’une bonne rédaction historique. Dans l’Évangile de Jean, nous savons toujours où se trouve Jésus, parfois très précisément (par exemple, non seulement dans le Temple de Jérusalem, mais dans le portique de Salomon [10,23]), et nous savons toujours, à quelques mois près, quand les événements se déroulent, car Jean suit un schéma chronologique précis marqué par les fêtes juives. Parmi les Synoptiques, seul Marc se rapproche un peu de la précision topographique de Jean, et la Pâque, à la fin de son récit, est quasiment le seul marqueur chronologique fourni.

(2) Pour les anciens, les témoignages oculaires étaient essentiels pour une rédaction historique, et l’historien le mieux qualifié était celui qui avait lui-même été témoin oculaire de certains des événements rapportés. Jean est le seul Évangile qui comprend, dans sa conclusion (21,24), l’affirmation d’avoir été écrit par un témoin oculaire dont la présence à plusieurs des événements est explicitement précisée.

(3) Je devrais également mentionner la pratique de Jean qui consiste à mettre apparemment des mots dans la bouche de Jésus. Ce procédé n’était pas essentiel à la rédaction appropriée d’un récit historique, mais cela faisait effectivement partie des conventions acceptées dans le monde antique pour ce genre d’écrits. On s’attendait à ce qu’un rapport historique comprenne des discours. Mais, bien entendu, l’historien n’avait aucun moyen réel d’enregistrer les mots mêmes d’un discours ni même de les résumer. Il était donc attendu d’un historien qu’il attribue au personnage des mots appropriés à la personne et à l’occasion. Les lecteurs ou auditeurs de l’Évangile de Jean pouvaient bien comprendre que l’auteur s’était inspiré des traditions acceptées des paroles de Jésus afin de créer des discours et des dialogues réalistes.

Donc, la réponse à la question de savoir pourquoi l’Évangile de Jean est différent des autres n’est pas d’affirmer qu’il n’est pas vraiment historique. L’Évangile de Jean est une vie de Jésus, un bios , comme les Synoptiques, mais, en comparaison, un bios avec une différence. Je propose de résumer les raisons de cette différence par trois considérations :

(1) L’Évangile de Jean est écrit à partir d’une perspective extérieure au cercle des Douze. L’Évangile de Marc, qui, j’en suis convaincu, est basé principalement sur le témoignage oculaire de Pierre, est un Évangile donnant la perspective des trois disciples qui formaient manifestement une sorte de noyau central de l’équipe des Douze : Pierre, Jacques et Jean. Les Évangiles de Matthieu et de Luc sont des versions plus élaborées de l’Évangile de Marc, des récits qui puisent largement dans la tradition des Douze, même s’ils ont également trouvé de l’inspiration auprès d’autres sources. Jean nous donne une perspective différente de l’histoire de Jésus, celle du disciple bien-aimé (« le disciple que Jésus aimait »). À ce stade de mon argumentation, il est crucial de souligner que je ne crois pas que le disciple bien-aimé soit Jean, le fils de Zébédée, comme c’est traditionnellement admis. Avec de nombreux autres spécialistes, je pense que l’Évangile dépeint le disciple bien-aimé comme un disciple de Jésus qui ne figurait pas parmi les Douze, mais qui était l’un de ces nombreux autres disciples qui adhéraient aux enseignements de Jésus 4, pp 33-91 ; Richard Bauckham, Jesus and the Eyewitnesses: The Gospels as Eyewitness Testimony [Jésus et les témoins oculaires : les Évangiles lus comme témoignages oculaires], 2 ème édition ; Grand Rapids, USA, Eerdmans, 2017, pp 358-411, 549-589. ] . Il était évidemment un disciple de Jérusalem, où il demeurait, ne voyageant pas avec Jésus comme le faisaient les Douze. Il était proche de Jésus, non pas dans le sens où Jésus l’aurait désigné pour le leadership, comme dans le cas de Pierre, Jacques et Jean, mais dans un sens personnel. Il était le meilleur ami de Jésus. De plus, lorsque nous observons les autres disciples de Jésus qui occupent une place importante dans l’Évangile de Jean, nous constatons que beaucoup d’entre eux sont soit des membres des Douze qui n’apparaissent jamais en tant qu’individus dans les Synoptiques, ou bien des disciples qui n’apparaissent pas du tout dans les Synoptiques : Philippe, Thomas, Nathanaël, Lazare et Nicodème 5 . Il convient de noter que Nicodème et Lazare, ainsi que Marthe et Marie, vivaient à Jérusalem ou à proximité de la ville. Il semble que le disciple bien-aimé ait appartenu à ce cercle de fidèles après la résurrection. Son Évangile est écrit de son point de vue et du leur. À mon avis, c’est l’un des aspects qui rend l’Évangile de Jean si intéressant. Ici, nous voyons Jésus d’une perspective extérieure au cercle des Douze. Il s’agit, pour ainsi dire, d’une perspective différente, Jésus étant perçu par des gens qui le connaissaient, mais d’un point de vue privilégié.

(2) L’Évangile de Jean est écrit du point de vue d’un témoin perspicace, le disciple bien-aimé. Nous devons souligner la manière dont ce disciple est décrit dans l’Évangile. Il n’est pas présenté comme témoin très fréquent, mais il est présent lors des événements les plus importants : le dernier repas (à côté de Jésus), la crucifixion (le seul disciple masculin avec les femmes), le tombeau vide et l’apparition de Jésus ressuscité au bord de la mer de Galilée. Il est décrit comme étant proche de Jésus, et il est appelé le disciple que Jésus aimait. (Jean affirme que Jésus aimait tous ses disciples [13,1]. Cette description du disciple bien-aimé doit donc indiquer une affection particulière, comme l’amour de Jésus pour la famille qui habitait à Béthanie [11,5].) Comparé à Pierre, le disciple bien-aimé s’avère plus perspicace et sensible. Devant le sépulcre vide, il accepte que Jésus est ressuscité, uniquement sur la base de ce qu’il voit du tombeau (20,8). Dans le bateau, il reconnaît que l’homme sur le rivage est Jésus (21,7). Dans les derniers versets de l’Évangile, l’auteur souligne l’annonce que, contrairement à Pierre et aux autres, le disciple bien-aimé va « demeurer », pas nécessairement jusqu’à ce que Jésus revienne, mais comme témoin de longue durée (21,22-23). Arrivé à un âge avancé, il rédige son Évangile, le résultat d’une longue vie passée à réfléchir à ce qu’il a vécu avec Jésus pendant sa jeunesse.

De nombreux spécialistes, bien sûr, rejettent l’idée que le disciple bien-aimé aurait lui-même écrit l’Évangile. Un témoin oculaire aurait-il pu écrire un Évangile comme celui-ci, un récit qui intègre autant d’interprétation théologique ? Il me semble probable que, justement en raison de sa proximité avec Jésus, le disciple bien-aimé se soit senti autorisé à interpréter Jésus d’une manière qui allait au-delà du témoignage des autres disciples. Nous ne devons jamais oublier que tout récit historique est une interprétation. Aucun disciple de Jésus n’aurait été en mesure de nous proposer un ensemble de faits dénués d’interprétation. Il s’agit plutôt de déterminer si l’interprétation de Jean nous éloigne de la réalité de Jésus ou, au contraire, nous en rapproche. Je suis convaincu qu’il a écrit son Évangile parce qu’il pensait apporter une contribution par son témoignage spécifique, un témoignage qui nous emmène plus loin dans la réalité de Jésus.

(3) Troisième et dernière considération : c’est justement cette interprétation particulière de Jésus et de son histoire par le disciple bien-aimé qui rend l’Évangile différent. Le lecteur familier de la littérature spécialisée concernant l’Évangile de Jean s’attend sans doute que je fasse mention maintenant de la communauté johannique. De nombreux chercheurs ont expliqué la différence de l’Évangile de Jean en affirmant que cet écrit reflète la vie et l’histoire d’une communauté chrétienne particulière, une communauté isolée du reste du mouvement chrétien et qui aurait développé une perspective et une théologie spécifiquement reflétées dans cet Évangile. Je pense que cette communauté johannique est le fruit de l’imagination des érudits johanniques. Bien sûr, l’Évangile de Jean a été écrit dans une localité donnée, au sein d’une certaine communauté, voire de plusieurs communautés. J’adhère à l’opinion traditionnelle que cette localité était Éphèse, où le disciple bien-aimé a vécu dans sa vieillesse. Mais il n’existe aucune bonne raison de penser qu’il aurait été écrit dans un recoin reculé et isolé du reste du mouvement chrétien (Éphèse était un centre de civilisation majeure). Je ne pense pas que son auteur écrivait juste pour sa propre communauté. Il me semble qu’il s’adressait au mouvement chrétien dans son ensemble, s’attendant à ce que son Évangile circule dans les Églises, comme avait déjà circulé l’Évangile de Marc. J’attribue le caractère particulier de l’Évangile à son auteur, un écrivain de génie et particulièrement perspicace, qui, en fonction des spécificités de son expérience de Jésus (ainsi que du vécu d’autres disciples dont il était proche), sut développer une puissante lecture théologique du récit évangélique, une lecture qui lui était propre. Ainsi : exit la communauté johannique, et retour en scène du disciple bien-aimé 6 ; Bauckham, The Testimony of the Beloved Disciple [Le témoignage du disciple bien-aimé], pp 10-25, 113-123.

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L’interprétation johannique de Jésus

Dans la suite de cet article, je vais esquisser les grandes lignes de l’interprétation que Jean donne à l’histoire de Jésus dans cet Évangile que je résumerai dans la conclusion comme l’Évangile de l’amour.

L’identité de Jésus

En termes de titres christologiques, Jean souligne que :

Jésus est le Messie, un titre qui le désigne comme roi d’Israël et focalise l’attention sur la relation de Jésus avec Israël et sur les promesses que Dieu avait adressées à son peuple.

Jésus est le Fils de Dieu ou le Fils du Père. Cet Évangile place un fort accent sur la relation filiale unique de Jésus avec le Père.

Jésus est Dieu, ce qui signifie, entre autres, que la relation de Jésus le Fils au Père est une relation au sein de l’identité spécifique du Dieu unique.

Ces titres indiquent clairement qui est Jésus, mais l’Évangile utilise aussi une profusion de métaphores, symboles ou énigmes pour faire connaître l’identité de Jésus, comme, par exemple, ses fameux « je suis ». Alors que le langage figuratif des Synoptiques se concentre en particulier sur la nature du royaume de Dieu, le langage figuratif de Jean se concentre sur l’identité de Jésus et ce qu’il représente pour son peuple.

L’œuvre de Jésus ?

Il révèle Dieu et donne la vie éternelle. Telles sont les deux manières principales dont Jean caractérise le salut offert par Jésus. Ce ne sont pas des thèmes de premier plan dans les Synoptiques. Jean est le seul à souligner à ce point ces deux aspects de l’œuvre de Jésus : il est venu révéler Dieu et donner la vie éternelle, ce qui représente une forme de participation à la vie même de Dieu.

L’action de Jésus : le « comment »

Au final, il ne peut faire tout cela que parce qu’il est Dieu. Seul Dieu peut révéler Dieu. Seul Dieu peut donner la vie divine, la naissance d’en haut. Plus précisément, Jésus peut révéler Dieu et donner la vie éternelle parce qu’il est le divin Fils du Père. En tant que Fils qui reflète en lui-même la gloire du Père, il peut révéler qui est vraiment Dieu : en cela réside la gloire de Dieu. Le Fils peut donner la vie aux autres, parce qu’il partage la vie divine et éternelle avec le Père, comme l’Unique qui a la vie en lui-même (comme le dit l’Évangile).

L’action de Jésus : les moyens

Comment Jésus révèle-t-il Dieu et donne-t-il la vie éternelle ? À ce sujet, le récit de Jean est intensément centré sur la croix. À bien des égards, dès le chapitre 1, Jean oriente ses lecteurs vers l’événement culminant de la croix et de l’exaltation de Jésus, même s’il le fait souvent de manière énigmatique. La crucifixion, décrite comme l’événement par lequel la gloire de Dieu se révèle, est le trait le plus frappant de la présentation johannique. Le thème est déjà introduit dès les célèbres paroles du Prologue : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père » (1,14) – ce « nous », me paraît désigner principalement Jean lui-même, le disciple bien-aimé. À ce stade de l’Évangile – les lecteurs ne le savent pas encore – ces paroles orientent vers la croix, où Jésus sera glorifié, et Dieu sera glorifié en lui. Des révélations préliminaires de la gloire sont repérables tout au long du récit évangélique, mais c’est à la croix que la gloire de Dieu est pleinement révélée. Comment cela se fait-il ? Comment la souffrance et la mort de Jésus peuvent-elles être « gloire » ? et la croix, nous démontrer qui est Dieu ? Cette énigme typiquement johannique appelle aussi une solution typiquement johannique :

L’amour est la clé

La clé de tout cela est l’amour de Dieu qui se donne lui-même. Le Père donne son Fils jusqu’à la mort, afin que le monde puisse accéder à la vie éternelle ; par ce moyen, Dieu révèle l’étendue extraordinaire et la nature étonnante de son amour.

L’Évangile de Jean compris comme l’Évangile de l’amour 7, p. 64-69. ]

Nous sommes tellement habitués à l’idée que l’histoire de Jésus est avant tout le récit de l’amour de Dieu, que nous pouvons être surpris d’apprendre qu’il s’agit là d’une interprétation typiquement johannique. Les statistiques des termes de vocabulaire utilisés dans les Évangiles sont très révélatrices. Le Tableau 1 indique les données pour les deux verbes signifiant « aimer » ( agapao et phileo ) ainsi que le substantif « amour » ( agap e). Tous ces termes sont beaucoup plus courants dans Jean que dans les autres Évangiles. Ils sont utilisés de diverses manières, mais servent surtout à désigner l’amour des êtres humains pour Dieu et l’amour des personnes les unes pour les autres (comme dans les deux grands commandements). Le Tableau 2 montre que les Évangiles synoptiques ne font jamais mention de l’amour de Dieu, sauf dans les paroles que le Père prononce lors du baptême de Jésus et lors de sa transfiguration, lorsqu’il appelle Jésus « mon Fils bien-aimé » (en utilisant l’adjectif agapetos ). Ils ne mentionnent jamais que Dieu aime une autre personne, et ce n’est qu’à une seule reprise que l’un de ces trois Évangiles affirme que Jésus aime quelqu’un d’autre (Marc 10,21). En revanche, l’Évangile de Jean utilise ces mots douze fois en référence à l’amour de Dieu (pour le monde, pour Jésus, pour les disciples) et dix-sept fois en référence à l’amour de Jésus pour Dieu son Père et pour ses disciples.

Il semble donc que les Évangiles synoptiques ne se présentent pas comme l’histoire de Jésus en tant que démonstration de l’amour de Dieu pour le monde, et ne nous apprennent pas que Jésus révèle l’amour de Dieu ou que l’amour de Dieu nous est parvenu par Jésus. Que devons-nous faire de cette différence ? Nous pourrions partir à la recherche des mentions de l’amour de Dieu dans les Évangiles synoptiques : la miséricorde, le pardon, la compassion, la générosité. Nous pourrions guetter les signes de l’amour de Dieu dans les actes de Jésus : ses guérisons, sa communication du pardon divin, sa mort pour les autres. Avec cette approche, Jean serait en train de nous aider à voir ce que recèlent les autres Évangiles.

Je suggère que lorsque Jean articule toute l’histoire de Jésus autour du thème de l’amour (celui de Dieu et celui de Jésus lui-même), il est en train d’accomplir un objectif qu’il accomplit également autrement par ailleurs : il rend explicite ce que les Synoptiques présentent largement de manière implicite. Par conséquent, Jean nous a laissé un Évangile qui non seulement lui est propre, avec ces caractéristiques distinctives, mais encore, il nous a proposé, dans son Évangile, des manières de lire les trois autres Évangiles. Ayant appris par Jean que l’amour de Dieu est la thématique centrale de l’histoire de Jésus, nous observons qu’il en est de même dans les Synoptiques. Les actes que Jésus y accomplit sont clairement, me semble-t-il, une représentation de l’amour de Dieu pour nous, et sa mort en est la manifestation la plus évidente et accomplie. La plupart des chrétiens qui lisent les Synoptiques sont probablement d’accord. Ils perçoivent effectivement que la démonstration de l’amour de Dieu représente l’objectif principal de Jésus et de sa mission. Mais dans ce cas, qu’ils le sachent ou non, Jean les a aidés à percevoir l’amour de Dieu dans les Synoptiques. Comme je l’ai déjà souligné, l’interprétation spécifique de Jean au sujet de Jésus nous laisse devant cette question : nous éloigne-t-elle ou nous introduit-elle plus en profondeur dans la réalité de Jésus ? Je pense que lorsque Jean nous démontre que l’amour de Dieu est la clé de toute l’histoire de Jésus, l’ensemble de la tradition chrétienne accepte que Jean nous introduit ainsi plus profondément dans la réalité de Jésus.

L’histoire de l’amour divin résumé dans l’Évangile de Jean

Dans le Tableau 3, j’ai divisé l’Évangile de Jean en deux parties. Le tableau montre comment les trois mots clés pour « amour » sont fortement concentrés dans les chapitres 11 à 21.

Mais les chapitres précédents contiennent néanmoins deux textes programmatiques d’une grande importance pour lire tout l’Évangile comme une histoire de l’amour divin. Le premier d’entre eux, dans le Prologue, n’est pas immédiatement reconnaissable, car il ne contient aucun des mots que l’on traduit par « amour ». Mais le thème est néanmoins présent, car dans le Prologue, et seulement là, Jean préfère le mot « grâce » ( charis ), un mot utilisé nulle part ailleurs dans l’Évangile. Dans 1,14 et 1,17-18, Jean relie l’incarnation de Dieu en Jésus à la révélation que Dieu donne de lui-même à Moïse, et qui représente dans la Bible hébraïque la révélation définitive du caractère divin (Exode 33,17-34,8). Moïse n’a pas pu voir la gloire de Dieu ; il n’a été autorisé qu’à entendre Dieu proclamer son caractère (Exode 34,6-7). En Jésus, selon Jean, nous pouvons voir ce que Moïse ne pouvait qu’entendre. En Jésus, nous voyons qui est Dieu. Ainsi, lorsque Jean utilise l’expression « plein de grâce et de vérité » (1,14), il fait écho au vocabulaire clé de la description vétérotestamentaire de Dieu. Dans de nombreuses traductions modernes, ces expressions sont rendues par : « riche en bienveillance et en fidélité » ou une variante de cette phrase. Jean traduit ces mots par : « plein de grâce et de vérité ». Ainsi, Jean écrit dans le Prologue que Jésus a révélé l’amour de Dieu, mais ce faisant, il affirme que tel était déjà le caractère de Dieu présenté dans la Bible hébraïque. Jésus ne révèle pas un nouveau Dieu, mais en Jésus, nous pouvons réellement observer, en chair et en paroles, l’amour divin que Dieu avait fait connaître à Moïse.

La seconde référence programmatique à l’amour de Dieu est le célèbre texte de Jean 3,16 : « Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » Ce texte est célèbre à juste titre car il résume parfaitement l’interprétation que Jean nous laisse de l’histoire de Jésus. Ces deux déclarations programmatiques annoncent les chapitres ultérieurs de l’Évangile dans lesquels l’amour de Dieu et l’amour de Jésus deviennent des thèmes explicites et fréquents.

Ce n’est qu’au chapitre 11 que l’Évangile évoque explicitement l’amour de Jésus, thème qui se poursuit ensuite jusqu’à la prière adressée au Père au chapitre 17. Dans le chapitre 11, nous apprenons que Jésus aimait Marthe, Marie et Lazare (11,5, cf. 36). De toute évidence, il s’agit du genre d’amour que l’on éprouve pour ses amis. C’est un amour particulier. Mais Jean utilise cette histoire pour faire voir à l’avance l’amour qui emporte Jésus vers la croix. En se rendant à Béthanie et en faisant sortir Lazare de sa tombe, par amour pour ces trois amis, Jésus risquait sa vie. D’ailleurs, dans le récit de Jean, la résurrection de Lazare est l’événement qui déclenche la détermination des autorités juives à faire exécuter Jésus, conduisant ainsi à la croix. Dans ce contexte, il est particulièrement significatif que les émotions de Jésus fassent l’objet d’une évocation aussi forte. Ce passage contient le célèbre verset « Jésus pleura » (11,35) et d’autres mentions d’émotions profondes (11,33, 38). « Voyez comme il l’aimait ! » disent les observateurs ce jour-là (11,36). L’amour que Jésus éprouvait pour Lazare est visible. Cet amour est celui de Dieu sous une forme très humaine, traduit dans la réalité affective de l’amour humain.

Le récit que Jean nous livre de la Passion elle-même commence au chapitre 13 par ces mots d’introduction : « Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. » Ici, l’objet de l’amour de Jésus est étendu pour inclure « les siens qui sont dans le monde », et à partir de ce moment, le récit relate la manifestation de cet amour jusqu’à son point ultime, lorsqu’il donne sa vie pour ses amis (15,13).

C’est également dans le contexte de cette histoire que l’on trouve le commandement que Jésus adresse aux disciples de s’aimer les uns les autres (13,34 ; 15,12). Dans les Évangiles synoptiques, Jésus cite la Torah (Lévitique 19,18) en évoquant le commandement d’aimer son prochain comme soi-même. Il en fait l’un des deux plus grands commandements (Marc 12,28-31). Dans l’Évangile de Jean, ce commandement mosaïque est paraphrasé et devient « Aimez-vous les uns les autres ». Lorsque Jésus adresse ce commandement aux disciples, immédiatement après le dernier repas, il l’appelle un nouveau commandement (13,34). Comment peut-il être nouveau alors qu’il provient en fait du Lévitique ? La réponse, je pense, ne se trouve pas dans les mots « Aimez-vous les uns les autres », mais dans la proposition que Jésus rajoute : « comme je vous ai aimés ». Telle est la valeur ajoutée de Jean par rapport au Lévitique et aux Évangiles synoptiques qui, comme nous l’avons remarqué, ne parlent jamais de l’amour de Jésus pour les disciples. Jean, qui souligne bien l’amour de Jésus pour ses disciples, approfondit le sens du commandement de l’amour en le liant à l’exemple de cet amour manifesté par le maître. Dans le chapitre 13, « comme je vous ai aimés » renvoie de manière évidente au lavage des pieds des disciples par Jésus, un exemple qu’il a déjà demandé aux disciples de suivre en se lavant les pieds les uns aux autres (13,14-15). Il définit l’amour comme l’attitude de celui qui est prêt à jouer le rôle d’un esclave, ne se considérant jamais comme étant au-dessus d’un acte de service, quel qu’il soit. Mais lorsque Jésus répète le commandement d’amour au chapitre 15, l’expression « comme je vous ai aimés » se réfère à son exemple qui consiste à donner sa vie pour ses amis. La définition de l’amour est d’être prêt à aller jusqu’à ce sacrifice ultime. Il n’y a pas de plus grand amour (15,12-14).

Ainsi, dans la lecture que Jean nous livre de l’histoire de Jésus, le commandement d’amour mutuel ne se réfère pas seulement à l’amour que nous demandent Dieu ou Jésus. Il s’agit de l’amour incarné par Jésus et qui nous est donné en exemple. Lorsque nous nous rappelons que Jean n’inclut aucun autre enseignement éthique de la part de Jésus, mais qu’il résume tout ce que Jésus exige de ses disciples à ce propos par le commandement d’aimer, il est de la plus haute importance qu’il enracine le sens même de ce commandement dans l’histoire de l’amour démontré par Jésus pour ses amis.

Quelques réflexions pour conclure

Je conclurai cette brève réflexion sur l’Évangile de Jean en tant qu’Évangile de l’amour par deux autres commentaires. Premièrement, puisque c’est l’amour de Dieu que Jésus révèle et manifeste sous forme humaine, le genre d’amour humain que Jean met en évidence est particulièrement significatif. Lorsqu’il veut représenter l’amour de Dieu incarné, reflet de l’amour du Père dans la vie humaine et la mort du Fils, le genre d’amour humain qu’il choisit de représenter est l’amitié, l’amour affectif de quelqu’un qui risque sa vie pour les amis qu’il aime, à l’image de celui que Jésus manifeste pour Marie, Marthe et Lazare. Il s’agit de l’amour qui va intentionnellement jusqu’à la mort pour le bien de ses amis, comme Jésus le fait pour les disciples qu’il appelle amis.

Deuxièmement, je pense que nous pouvons maintenant comprendre à quel point il est significatif que l’auteur de l’Évangile s’appelle lui-même « le disciple que Jésus aimait ». En termes ordinaires, cela signifie qu’il était le meilleur ami de Jésus. Mais cela nous apprend aussi q ue cette expérience de l’amitié de Jésus est justement ce qui a permis au disciple bien-aimé de comprendre ce que signifiait la manifestation de l’amour de Dieu devenu une réalité humaine visible en Jésus. C’est ce qui lui a permis d’écrire un Évangile que nous pouvons appeler l’Évangile de l’amour.

Tableau 1 : « Amour » dans les Évangiles

MatthieuMarcLucJean
agapaō 851337
agape 1107
phileō 51213

Tableau 2 : Dieu aime, Jésus aime *(+1) signale l’utilisation du terme en référence au fils bien-aimé dans la parabole des vignerons (Marc 12,8 ; Luc 20,13).

Dieu aime00110
Jésus aime01011
agapētos
(le fils bien aimé de Dieu)32(+1)*2(+1)*0
phileō
Dieu aime0001
Jésus aime0003

Tableau 3 : « Aimer » dans l’Évangile de Jean

Chapitres 1-10Chapitres 11-21
agapao532
agape1 6
phileo1 12
  1. Voir Richard Bauckham, Gospel of Glory: Major Themes in Johannine Theology [L’Évangile de la gloire : les grands thèmes de la théologie johannique
  2. Pour une discussion des autres différences, voir Bauckham, Gospel of Glory [L’Évangile de la gloire
  3. Ici, je résume les arguments que j’ai présentés au quatrième chapitre ( » Historiographical Characteristics of the Gospel of John  » [Les caractéristiques historiographiques de l’Évangile de Jean
  4. Pour les détails de ma compréhension de l’identité du disciple bien-aimé, voir Bauckham, The Testimony of the Beloved Disciple [Le témoignage du disciple bien-aimé
  5. Il en est de même pour Marthe et Marie. Dans les Synoptiques, elles n’apparaissent que brièvement dans Luc 10,38-42.
  6. Voir Richard Bauckham (ed.), The Gospels for all Christians : Rethinking the Gospel Audiences , Grand Rapids, USA, Eerdmans, 1998 [Richard Bauckham (ed.), La rédaction et la diffusion des Évangiles, Charols, Excelsis, 2014
  7. J’ai brièvement abordé le thème de l’amour dans l’Évangile de Jean dans mon livre Gospel of Glory [L’Évangile de la gloire

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