L’histoire des relations judéo-chrétiennes est difficile et complexe. Si aucun théologien sérieux n’a jamais réellement contesté que Jésus soit juif, cependant, dans les faits, la théologie chrétienne a longtemps ignoré sa judaïcité. Même quand on prend les symboles de foi œcuméniques des premiers siècles, on peut s’étonner qu’aucun de ces documents fondateurs ne le mentionne explicitement. Son appartenance au judaïsme y est bien sûr implicite. Il faudra attendre l’époque contemporaine et la redécouverte des racines juives et de l’héritage juif du christianisme pour trouver des références explicites au Juif Jésus.
Petite-fille de missionnaires luthériens américains, Lois Tverberg a tout d’abord enseigné la biologie – elle a un doctorat en physiologie moléculaire – avant de s’intéresser à l’interprétation de la Bible et de se consacrer à l’écriture d’ouvrages d’édification chrétienne. Elle fait aujourd’hui partie de ces auteurs qui souhaitent privilégier et promouvoir une perspective juive dans l’approche du texte biblique.
Présenté comme un voyage dans le temps, l’ouvrage a pour objectif principal de plonger le lecteur dans l’univers culturel et religieux de Jésus, un monde combien différent du nôtre qu’elle découvre elle-même en étudiant les langues bibliques, la culture juive et le milieu rabbinique en Palestine romaine du premier siècle.
Ne prétendant nullement avoir écrit un ouvrage d’érudition, l’auteur fait un travail de vulgarisation honnête pour rendre accessible au non spécialiste certaines clés herméneutiques essentielles. La première partie (chapitres 2 à 4) sert en quelque sorte d’introduction à la notion de terminologie et de mentalité hébraïques, en soulignant non seulement le rôle important des traductions de la Bible, mais aussi l’importance d’apprendre à penser différemment pour franchir avec succès le fossé culturel et religieux qui sépare notre époque de celle de Jésus. Dans la deuxième partie (chapitres 5 à 8) intitulée « Comment pense la Bible », Tverberg s’intéresse à la place du langage utilisé dans l’enseignement de Jésus, plus particulièrement au fonctionnement des paraboles. Elle s’interroge sur le bien-fondé de nos raisonnements habituels très occidentaux. Elle revisite les notions de famille et de communauté dans les Écritures face à la mentalité individualiste du monde moderne. La troisième et dernière partie (chapitres 9 à 13) développe plusieurs thématiques (p. ex. tradition orale et tradition écrite ; l’usage de l’AT dans le NT ; Torah et histoire d’Israël ; prophéties messianiques) qui ont retenu son attention et qu’elle juge pertinentes pour une lecture biblique profitable. Les sujets traités se lisent un peu comme des morceaux choisis.
Chaque fin de chapitre propose une sélection de lectures (« Outils et réflexions ») afin d’encourager le lecteur à poursuivre son étude pour une meilleure compréhension de la Bible. Deux modestes annexes en fin d’ouvrage présentent d’une part la classification des livres bibliques dans le Tanakh (acronyme désignant les trois parties de la Bible hébraïque : Torah – Nevi’im – Ketouvim) et un petit lexique contenant 30 mots hébreux.
Raymond Pfister
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