Jean-Jacques Meylan, Maladie et guérison sous le regard de Dieu, Le Mont-sur-Lausanne, Éd. Unixtus, 2018 – ISBN : 978-2-940619-00-9 – 128 pages – CHF 13,50.
Jean-Jacques Meylan, après une formation d’ingénieur en génie civil, a effectué des études à la Faculté de Théologie de Lausanne, puis exercé le ministère pastoral dans diverses Églises de la Fédération Romande d’Églises Évangéliques (FREE) et présidé pendant plusieurs années la Communauté des Églises Chrétiennes dans le Canton de Vaud. Son livre Maladie et guérison est bienvenu, car il permet de faire le point sur une question sensible, à laquelle chacun de nous se trouve confronté, au moins indirectement, et qui peut le toucher jusqu’au plus profond de lui-même.
L’auteur commence par présenter l’enseignement biblique de base sur la maladie : celle-ci est le résultat global du péché, ce qui ne veut pas dire qu’une maladie donnée est forcément due à un péché particulier. Dieu a voulu une création bonne, mais le péché à rompu cette harmonie. L’Ancien Testament présente Dieu comme celui qui guérit (Ex 15,26). Jésus est venu rendre témoignage à cette volonté divine en annonçant le Royaume, chassant les démons et guérissant les malades. Après lui ses disciples ont poursuivi cette proclamation.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Les guérisons font-elles encore partie de la proclamation de l’Évangile ? Jean-Jacques Meylan le pense et il donne tout une série de témoignages de personnes guéries miraculeusement. Cela n’empêche pas Dieu aussi de guérir par des médecins.
Mais s’il y a des guérisons, il y a aussi des personnes qui sont appelées à témoigner de la grâce de Dieu à travers la maladie ou le handicap. Il donne plusieurs témoignages actuels connus comme ceux de Joni Eareckson, de Nick Vujicik, Henriette Cheveaux, etc., des personnes qui dans la souffrance ont trouvé un sens à leur vie dans la communion avec Christ. Ce sont de très beaux témoignages parmi lesquels il convient de noter celui de Michel Karlen qui souffre d’une maladie peu décelable au premier abord : pas facile à vivre quand les autres ne reconnaissent pas votre handicap, voire pensent que vous jouez la comédie et profitez de la société…
À partir de la page 59, l’auteur aborde la partie théologique de son ouvrage : le but de l’existence humaine est la gloire de Dieu. Celle-ci peut se manifester dans la puissance, mais aussi dans l’abaissement de la croix, un thème important dans l’Évangile de Jean : « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié par lui » (Jn 13,31). Le sacrifice de Jésus sur la croix a souvent choqué, voire scandalisé. Comment un Dieu d’amour a-t-il pu vouloir cela ? Pour Jean-Jacqques Meylan, il est important de saisir l’implication des trois personnes de la Trinité dans l’œuvre du salut. Dieu a donné son Fils qui s’est incarné par le Saint-Esprit. Dieu était en Christ à la croix. Cet abaissement de Dieu tout entier en Jésus est une révélation que rejettent toutes les autres religions humaines, y compris, en tout cas dans leur pratique, les chrétiens adeptes de la théologie de la prospérité. En Jésus, Dieu a voulu sauver l’humanité de l’intérieur en participant à sa souffrance. A l’instar de Job dans l’Ancien Testament, Jésus nous ouvre à une vie d’amour gratuit pour Dieu sans que cet amour soit lié aux bienfaits divins. Marie, Jésus et Paul ont dit « oui » à Dieu alors qu’il leur proposait un chemin difficile, qu’ils n’auraient pas choisi. Le consentement que Dieu nous demande dans nos épreuves, n’est pas de renoncer au désir comme dans le Bouddhisme, mais d’accepter la situation, de « laisser Dieu être Dieu en nous, … choisir ce que nous n’avons pas choisi, en nous appuyant sur l’amour de Dieu… (Cette acceptation) permet d’acquérir une liberté intérieure… Même lorsque la liberté extérieure se trouve entravée ». (p. 84).
Jean-Jacques Meylan attire notre attention sur le fait que dans les Évangiles, les récits de miracles sont souvent mêlés à des controverses, ce qui montre qu’ils visent à nous faire aller plus loin: À la p. 95, il remarque que le mot hébreu pour maladie a la même racine que “ronde, cercle” : « Guérir, c’est sortir du cercle », pas forcément par la guérison physique, (cela sera à l’avènement du Christ), mais en faisant confiance et en obéissant à la parole de Jésus, comme l’aveugle allant à Siloé.
L’auteur termine sa présentation par le tableaux de la passion de Jésus qui reste un homme digne, (“voici l’homme!” Jn 19,5), malgré les coups, les insultes, la croix… Dieu a mis son sceau sur l’œuvre et la personne de Jésus en le ressuscitant.
Trois annexes contenant de très beaux extraits du journal d’Etty Hillesum, un poème de Christian Glardon et une prière de Pierre-Yves Zwahlen, permettent de poursuivre la réflexion.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui, sans remettre en cause la guérison divine, aidera tous ceux qui, n’étant pas guéris maintenant, cherchent à trouver un sens chrétien à la présence de la souffrance dans leur vie. Un livre équilibré, destiné à un large public. À recommander !
Alain Décoppet
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