Christophe Paya, Au cœur de la louange, Cléon d’Andran / Vaux sur Seine, Excelsis / Édifac, 2014, 184 p.
… Et si le temps des « consommateurs de louange » était révolu ? Le livre de Christophe Paya, professeur de théologie pratique à la FLTE de Vaux-sur-Seine, connu et apprécié pour de nombreuses publications, s’adresse à tous ceux qui, régulièrement ou non, se regroupent pour rendre un culte et présenter leur louange à notre Dieu. « La louange, c’est comme l’amour, il est difficile de dire ce qu’elle est en une phrase, mais tout le monde voit à peu près de quoi il s’agit » (p. 17n). Sans jamais compliquer la thématique, l’ouvrage nous permet de passer de « l’à peu près » à une compréhension très pratique et fort bien documentée de ce qu’est ou peut être la louange.
Expression de notre « amour pour Dieu » qui répond à notre « amour de Dieu » (p. 17), la louange, élément à la fois personnel et collectif de notre culte, est une constante de l’expérience croyante dans la Bible et dans l’histoire de l’Eglise. Après un parcours au fil d’étapes bibliques (ch. 1), théologiques et pratiques (ch. 2), mais aussi historiques (ch. 3), l’auteur établit que l’expression collective de notre louange à Dieu requiert de notre part une recherche soigneuse de divers équilibres en matière de vérité, d’authenticité, d’unité. Notre louange, incarnée au quotidien, réaliste, joyeuse, admirative de la grandeur et de l’amour de Dieu, affirmera la foi, sans devenir pour autant l’opium du peuple, ou nous entraîner à oublier ou à laisser de côté ce que nous avons sur le cœur, mais en visant à orienter notre attitude vers notre Seigneur, à la fois transcendant et si proche. Trinitaire et christocentrique, elle recherchera constamment à faire la part entre intellect et émotions, entre le corps et l’esprit (ch. 4). Comme les autres éléments du culte, la louange doit trouver sa juste place par rapport au point culminant que constituent la lecture et l’annonce de la Parole de Dieu.
Fort judicieusement, Christophe Paya insiste sur quelques principes d’ensemble qui caractériseront notre louange : l’édification ; l’ordre ; une culture partagée ; la tradition reçue. Mais dans la pratique, quels sont les ingrédients de la louange ? Quelques pistes nous sont présentées plus en détail au ch. 6 : différentes formes de prière, de lecture de la Bible, de chant et de musique. Le choix des cantiques (traité au ch. 7) pourra varier en fonction de différentes approches : personnelle, technique, thématique, fonctionnelle, sans oublier les critères de qualité théologique, littéraire et musicale. Les chs. 8 et 9 précisent comment construire un temps de louange. Présenter un thème sous forme de louange ne consiste pas simplement à en parler, mais à le « mettre en louange », à l’ordonner logiquement, à en mettre en évidence le ou les fils conducteurs qui nous poussent à louer Dieu. Dans les mots utilisés, la clarté est toujours préférable à la confusion. Tout comme des paroles fraternelles, qui tiennent compte de l’état des autres. Ceux qui interviennent dans la louange devraient participer le plus diversement possible, en fonction de leurs dons. Gardons bien à l’esprit que les « conducteurs » de la louange tout comme les musiciens n’exercent pas la responsabilité de prêtres, mais sont au service de l’Eglise. Chacun se mettant à l’écoute réciproque de tous, une bonne préparation théologique et technique de tous les responsables visera à garantir pour tous des moments de louange qui ne courent pas le risque de ressembler à des spectacles à la gloire des hommes.
Tout en insistant sur les apports positifs de la louange, l’auteur nous confronte dans son dernier chapitre à un certain nombre de chemins sur lesquels elle risque de s’égarer : parmi d’autres, l’idolâtrie, le renfermement sur soi, l’autosuffisance. Il fournit ressources et références très appréciables pour approfondir encore la question, améliorer la qualité de nos moments de louange ; et nous faire passer du stade de consommateurs à celui d’ « acteurs », ou mieux encore, de « participants ». Si nos temps de louange nous paraissent trop routiniers, un peu « mécaniques », inintéressants ou stéréotypés, nous trouvons ici tout ce qu’il faut pour que notre louange ne demeure pas statique, figée, ennuyeuse, mais puisse s’exprimer collectivement, en tenant compte de notre environnement, de notre culture, de notre contexte particulier, de notre langage, – une louange qui rendra toute la gloire à Dieu.
Daniel Bueche
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