Gregory K, Beale, Manuel de lecture de l’Ancien Testament par le Nouveau Testament

Spread the love

Gregory K, Beale, Manuel de lecture de l’Ancien Testament par le Nouveau Testament – Saint-Légier, HET-PRO, 2020 – EAN N 9782940650033– 282 pages – CHF 28,– ou € 29,00.

Gregory K. Beale est professeur de Nouveau Testament à Philadelphie, USA. Il s’est spécialisé dans l’interprétation de l’AT par le NT, notamment sur l’Apocalypse. Avec D.A. Carson, il a dirigé la publication d’un monumental commentaire sur l’utilisation néotestamentaire de l’Ancien Testament.

La manière dont le NT cite l’AT a de quoi surprendre le lecteur moderne : les textes de l’AT ne concordent pas toujours avec ceux du NT, et la manière dont ils sont utilisés dans l’argumentation est parfois peu convaincante. Un manuel sur cette question est donc le bienvenu.

Dans l’introduction, p. xix, l’auteur définit le but de son ouvrage : comprendre comment le NT cite ou fait allusion à l’AT et donner à l’étudiant une méthodologie pour traiter correctement ces citations dans le travail d’exégèse.

Dans le premier chapitre, l’auteur discute pour savoir si les auteurs du NT ont cité l’AT d’une manière contextuelle ; il a écrit 1200 pages d’un commentaire du NT sur les passages de l’AT cités, et peut répondre par l’affirmative à cette question (p.20), excluant du même coup l’utilisation des procédés rabbiniques d’interprétation (p. 4).

Il se lance ensuite dans une discussion sur la typologie : est-elle un mode d’interprétation utilisable aujourd’hui. Il répond par l’affirmative, moyennant quelques précautions.

Après avoir donné quelques critères et conseils pratiques pour repérer une citation ou allusion de l’AT dans le NT – la principale étant d’en trouver la référence dans son NT grec – (chap. 2), il donne, au chapitre suivant, neuf points dont il faut tenir compte pour analyser une citation de l’AT dans le NT. Relevons, parmi les points cités, la recommandation d’analyser les contextes respectifs de l’AT et du NT, ainsi que l’intention de l’auteur (exégèse historico-grammaticale), pour les comparer avec les interprétations juives de l’époque (telles qu’on peut les reconstituer – il reprendra et développera ce sujet au chap. 6). On pourra ainsi en tirer les conclusions théologiques qui s’imposent. Dans les chapitres suivants, il développe quelques-uns de ces neuf points : le chap. 5 traite des présupposés herméneutiques et théologiques des auteurs du NT, fondés sur la foi que l’AT, étant sacré, il faut le Saint-Esprit pour l’interpréter. Citons aussi la notion de personnalité corporative qui permet de comprendre que Jésus peut représenter Israël ou inversement, par ex. dans la prophétie « D’Égypte, j’ai appelé mon fils » (Os 11,1 et Mt 2,15) ; il y a aussi le présupposé que Jésus, qui a inauguré l’ère messianique, est à la fois le centre et l’objectif de l’histoire ; cela implique que cette histoire forme une unité cohérente où une interprétation typologique trouve sa place.

Le dernier chapitre illustre la méthode proposée par une démonstration sur Ap 3,7 interprétant És 22.22. Il termine par une importante bibliographie de travail (pp 237ss).

Saluons d’abord l’initiative de la HET-PRO de publier ce manuel qui a ainsi le mérite d’exister et de donner une méthode pour interpréter l’AT dans la perspective du NT. Personnellement je ne partage pas la pensée de Beale, quand il voudrait que les auteurs du NT aient une compréhension contextuelle du l’AT – même s’il nuance cette affirmation (p. 162). Il ne me paraît pas mettre suffisamment en valeur les apports de l’exégèse rabbinique pour interpréter l’AT. Je suis entièrement d’accord avec lui quand il souligne que l’Évangile de Jésus-Christ apporte quelque chose d’unique qui amène une discontinuité avec la tradition rabbinique (pp 4-5). Mais il s’agit là d’un aspect théologique. Cela ne change rien au fait que, d’un point de vue humain, les auteurs du NT aient utilisé les mêmes procédés d’interprétation que les rabbins de leur temps, comme ils ont utilisés le langage et le codes rhétoriques de leur temps.

Remarquons encore quelques problèmes d’adaptation : pour avoir traduit ce genre de textes, je conçois que la traduction d’un tel ouvrage a dû être extrêmement laborieuse et difficile, mais j’ai trouvé des phrases alambiquées, comme la définition de la typologie, à la p. 22, ou difficiles à comprendre, comme « faire des inférences à partir des textes de l’AT » (note 7, p. 75 – j’ai eu beau épouiller les sept règles de Hillel, je ne vois pas à laquelle il fait allusion). En outre, puisqu’il s’agit d’un manuel, on aurait pu faire un plus grand effort pour adapter la bibliographie à un public francophone.

Les commentaires sont clôturés.