Vous étiez morts… mais Dieu…

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Par Olivier KESHAVJEE, animateur paroissial à l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV).

Cette prédication 1 d’Olivier Keshavjee trouve parfaitement sa place dans ce numéro spécial « Que dire ? Et comment le dire ? ». On appréciera en effet la richesse du contenu, l’originalité des métaphores et la fraîcheur du ton ; tout cela pour « dire » le salut en Christ aux hommes et femmes d’aujourd’hui.

1  Quant à vous, vous étiez morts à cause de vos transgressions et de vos péchés. 2  Vous marchiez autrefois selon le train de ce monde, conformément au prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui est actuellement à l’œuvre parmi les fils de la rébellion. 3  Nous tous aussi, nous étions de leur nombre : notre conduite était dictée par les désirs de la chair, puisque nous accomplissions les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions, par notre nature même, destinés à la colère, tout comme les autres.

4  Mais Dieu est riche en compassion. A cause du grand amour dont il nous a aimés, 5  nous qui étions morts en raison de nos transgressions, il nous a rendus à la vie avec Christ — c’est par grâce que vous êtes sauvés —, 6  il nous a ressuscités et fait asseoir avec lui dans les lieux célestes, en Jésus-Christ. 7  Il a fait cela afin de montrer dans les temps à venir l’infinie richesse de sa grâce par la bonté qu’il a manifestée envers nous en Jésus-Christ.

8  En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. 9  Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter. 10  En réalité, c’est lui qui nous a faits; nous avons été créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions.

Éphésiens 2, 1-10

Introduction

 

Excusez-moi, je suis un peu essoufflé ! Parce que Je viens de traverser une ville où tout le monde courait…

Ah J’peux pas vous dire laquelle… je l’ai traversée en courant.

Lorsque j’y suis entré, je marchais normalement, mais quand j’ai vu que tout le monde courait… je me suis mis à courir comme tout le monde sans raison !

Alors à un moment je courais au coude à coude avec un monsieur…

Je lui dis : – « Dites-moi… Pourquoi tous ces gens-là courent-ils comme des fous ? »

Il me dit : – « Parce qu’ils le sont ! »;

Il me dit : – « Vous êtes dans une ville de fous ici… Vous n’êtes pas au courant ? »

Je lui dis : – « Si, si, des bruits ont couru ! »

Il me dit : – « Ils courent toujours ! »

Je lui dis : – « Qu’est-ce qui fait courir tous ces fous ? »

Il me dit : – « Tout ! Tout ! Il y en a qui courent au plus pressé. D’autres qui courent après les honneurs… Celui-ci court pour la gloire… Celui-là court à sa perte ! »

Je lui dis : – « Mais pourquoi courent-ils si vite ? »

Il me dit : – «  Pour gagner du temps ! Comme le temps, c’est de l’argent, plus ils courent vite, plus ils en gagnent ! »

Je lui dis : – « Mais où courent-ils ? »

Il me dit : – « À la banque ! Le temps de déposer l’argent qu’ils ont gagné sur un compte courant… et ils repartent toujours courant, en gagner d’autre ! »

Je lui dis : – « Et le reste du temps ? »

Il me dit : – « Ils courent faire leurs courses… au marché ! »

(Raymond Devos, Où courent-ils ? )

Voilà la condition humaine d’après Raymond Devos : on court dans tous les sens, comme des fous, sans savoir pourquoi, et on court à notre perte. Ce constat n’est pas très différent de celui de Paul dans ce texte : « Vous marchiez autrefois selon le train de ce monde » (v. 2). Paul parle de « marcher », mais l’idée est similaire, on va le voir.

Au chapitre précédent, Paul est remonté dans le temps jusqu’à avant la fondation du monde, pour parler du moment où Dieu nous avait choisis dans son amour pour que nous soyons ses enfants (1, 4-5). Il est ensuite remonté un peu moins loin dans le temps, pour parler de la mort et de la résurrection de Jésus (1, 7.19-20). Il remonte maintenant dans le temps, mais encore un peu moins loin, pour dire : « regardez ce que vous étiez autrefois. »

C’est important de se souvenir de ce que nous étions autrefois, parce que la reconnaissance est le moteur de notre amour. Souvenez-vous cette femme qui choque le pharisien chez qui Jésus mangeait, en mouillant les pieds de Jésus par ses larmes et en les essuyant avec ses cheveux. Et Jésus d’expliquer que celle à qui on a pardonné beaucoup aime beaucoup (Lc 7, 36-50).

Mais remarquez, Paul ne dit pas de se comparer aux autres . Il aurait pu dire : « Regardez les autres, ces enfants de la colère qui marchent dans la perdition. » C’est facile de se comparer aux autres, et de voir qu’on est meilleur qu’eux. Forcément, je suis meilleur que « les autres » ! Le texte dit : « regardez ce que vous étiez. » Non pas moi par rapport à eux , mais moi par rapport à moi avant . Pour voir ce que Dieu a fait dans ma vie.

C’est ce que nous allons voir maintenant :

  1. Ce que nous étions autrefois
  2. Ce que nous sommes aujourd’hui

1. Ce que nous étions autrefois

Alors qu’étions-nous ?

Paul commence tout en finesse : « vous étiez morts. » Ça commence bien! Mais on se souvient, on regarde ce qu’on était pour mieux apprécier ce que nous sommes aujourd’hui, en Christ. Alors, que signifie « mort » ? Certainement pas une mort physique, puisque les Éphésiens, pas plus que nous aujourd’hui, n’étaient morts dans ce sens. Il s’agit d’une mort en devenir.

Imaginez un poulet sortant du four, fumant et croustillant. Il est beau, il est bon. Nos vies étaient comme ce poulet : plein de choses belles et bonnes. Mais revenez dans une semaine. Revenez dans un an, voyez l’état de ce poulet. Voici notre vie, voici notre univers. Nous sommes voués à la mort, et à la destruction, à la désintégration. Nous sommes des poulets fumants sur une table.

Pourquoi étions-nous voués à la mort ? « À cause de vos transgressions et du péché » (v. 1). Le genre de discours moralisateur que l’on aime particulièrement. Mais est-ce vraiment le cas ? Transgresser, c’est littéralement « tomber à côté ». On peut le voir comme les balises autour des pistes de skis, et Dieu qui nous dit : « voici ma loi de vie, restez dans les pistes que j’ai sécurisées, et vous allez prendre votre pied. Mais si vous sortez de ces pistes, attention ! » Et on le sait, chaque année, des gens meurent à cause du hors piste. Ce n’est pas que Dieu veuille nous pourrir la vie en nous donnant des lois arbitraires et ennuyeuse, et qu’ensuite il se fâche lorsque l’on veut s’amuser. Non, il nous donne des lois de vie, et si on sort de ces lois de vies, on se fait prendre dans une avalanche.

C’est ce que Paul dit : vous étiez pris au piège d’une avalanche beaucoup trop forte pour vous ! Et cette avalanche, c’est le péché. Le péché, ce n’est pas quelque chose de moralisateur, une liste de tous nos écarts moraux. C’est une puissance qui nous oppresse. Des tonnes et des tonnes de neige qui nous emportent, et contre lesquelles on ne peut rien faire. Quelque chose qui nous domine, et dont on doit être sauvés.

Comment cette domination du péché se manifeste-elle ? Paul cite trois choses :

  1. La culture : « Vous suiviez le train de ce monde. » (v. 2) Dans notre culture, il y a plein de choses qu’on subit, qu’on suit, qu’on fait par habitude, sans réfléchir. On est pris par cette avalanche qui entraîne avec puissance là où on ne voudrait pas nécessairement aller.
  2. Le diable : « Le prince de la puissance de l’air, l’esprit qui agit dans les fils de la rébellion. » (v. 2) Paul semble dire que derrière ces choses qui nous oppressent dans le « train de ce monde », il y a des réalités spirituelles.

Et ce serait très intéressant de développer ces deux niveaux. Mais la troisième chose qui nous oppresse est, je crois, la plus importante :

  1. Nous même : « Nous vivions selon les convoitises de la chair et de nos pensées. » (v. 3) La troisième chose qui nous domine, c’est nous-même : notre propre volonté, nos passions, nos aspirations, notre propre pensée. Ce troisième point est le plus important, car sans celui-ci, les deux premiers n’auraient aucun effet sur nous. On n’est jamais mieux asservi que par soi-même ! C’est donc celui qui nous allons regarder un peu plus en détail.

Paul parle deux fois de « la chair » (v. 3). Quand Paul parle de la chair, il ne s’agit pas du corps physique, comme si le corps était mauvais : notre corps est un don de Dieu, créé par Dieu pour sa gloire, pour qu’on en jouisse. Quand Paul parle de la chair, il parle de notre nature corrompue : ce que Dieu a créé bon a été détourné; nous avons été abîmés, il y a quelque chose de dysfonctionnel en nous.

Luther donne cette définition du péché : le péché, c’est le cœur humain replié sur lui-même ( incurvatus in se ) :

« L’Ecriture qui nous décrit l’homme tellement replié sur lui-même que non seulement il tourne vers lui les biens corporels, mais encore les biens spirituels, et même Dieu, et se cherche en tout. Et cette inclination est maintenant naturelle, elle est un vice naturel et un mal naturel. » 2

On a un défaut de fabrication. En terme informatique, ce n’est pas juste un problème logiciel qui pourrait être réglé par une mise à jour. C’est un problème matériel . Il y a quelque qui ne tourne pas rond dans notre nature et qui doit être changé. Et ce qui ne tourne pas rond, c’est justement que l’on tourne en rond sur nous-même.

On peut imaginer cela ainsi : on a un petit ordinateur dans la tête qui n’a qu’une seule fonction : analyser tout ce qui se passe autour de nous, tout ce qui nous arrive, les gens qui passent par là, tout ce qui est dit, qui est fait. Et cet ordinateur analyse tout cela en se posant une seule question : qu’est-ce j’ai à y gagner ? Quel bien puis-je retirer de cette situation ? Comment cette situation ou cette personne peut-elle contribuer à mon bonheur ?

Voilà « la chair », notre nature corrompue, repliée sur elle-même. Qu’est-ce que cela produit en nous ?

  1. Être centré sur soi-même, ça peut faire de nous des gens horribles : les cas extrêmes étant les tueurs en séries ou les dictateurs. Mes désirs sont plus importants que la vie des gens que je rencontre.
  2. Mais être replié sur soi-même, ça peut aussi faire de nous des super personnes, parce qu’une chose qui nous aide à bien nous sentir, c’est de faire du bien. Il y a une manière de servir les autres qui est en fait une manière de se servir soi.
  3. De même, être replié sur soi-même, ça peut nous rendre extrêmement religieux. Tout en étant pleinement dans cette nature corrompue, on peut aller à l’Eglise, prier, respecter tous les commandements… mais le faire pour soi.

Comment savoir lorsque l’on fait les choses pour soi, ou lorsqu’on le fait pour Dieu et les autres ? Le terme utilisé pour parler du désir est un terme fort : un désir passionné, qui peut être de l’ordre de l’ addiction . Et on voit la différence entre :

  • aimer le vin, mais si un jour je n’ai pas mon verre ce n’est pas grave, et
  • aimer le vin, mais le jour où je n’ai pas mon verre je me mets en rogne contre tout ce qui me passe sous la main !

C’est au moment où l’objet de notre désir nous est refusé que l’on voit comment l’on réagit. Avec Dieu par exemple, s’il nous arrive une épreuve, une difficulté, et que l’on se retourne contre lui en disant : « après tout ce que j’ai fait pour toi, c’est comme ça que tu me remercies ! » , c’est probablement que l’on n’était pas là pour servir Dieu, mais pour se servir de Dieu pour ses propres intérêts.

Même chose dans notre relation aux autres. Supposons — exemple fictif — que ma femme oublie de me remercier pour un bon repas que j’ai cuisiné pour elle (je ne vous précise pas ce qui est fictif dans l’exemple). Si je me mets en colère contre elle en disant: « je me suis donné de la peine ! », c’est probablement que je n’avais pas fait ce repas par amour pour elle, mais par amour pour moi — pour recevoir de la reconnaissance, de la gratification, pour me sentir important et désiré.

Il y a donc ces deux attitudes :

  1. Ma vie pour toi
  2. Ta vie pour moi

Comme une addiction, cette deuxième attitude ne peut que nous détruire. Elle nous ronge, parce que l’on n’est jamais satisfait, jamais au repos. On n’a jamais assez de reconnaissance, jamais assez de gloire, jamais assez de sécurité, de plaisir, de sens dans sa vie. Ça nous détruit, et ça détruit notre entourage.

On court dans tous les sens, on s’épuise, et on court à notre perte. C’est une avalanche qui nous conduit à une mort certaine.

2. Ce que nous sommes aujourd’hui

Voilà ce que nous étions. Alors que sommes-nous maintenant ?

Après ces 3 versets sombres, Paul écrit les deux mots les plus merveilleux de la Bible : « mais Dieu » (v. 4). Au lieu de répondre par la colère, Dieu qui est débordant d’amour et de bonté nous a sauvés gratuitement, sans que ce soit mérité.

« C’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (v. 8). Lorsque l’on est sous des tonnes de neige, on ne peut rien faire pour se sauver. On est obligé d’attendre les secours. Et Dieu n’est pas resté à côté, à nous regarder mourir, en disant « c’est bien fait, vous n’aviez qu’à respecter les balises de sécurité ». Non, Dieu est parti au milieu de la nuit, il nous a cherchés, il a creusé la neige, nous a portés alors que nous étions inconscients, et nous a ramenés bien au chaud, en sécurité, où il nous a réanimés.

C’est Dieu qui fait tout. Dieu est le seul auteur du salut. C’est la différence entre les œuvres et la grâce. Les œuvres, c’est moi qui doit me sauver, c’est moi qui doit faire quelque chose pour améliorer ma condition. La grâce, c’est Dieu qui fait.

Si nous les réformés insistons autant pour dire que c’est Dieu qui fait tout, ce n’est pas uniquement une raison doctrinale, comme s’il fallait exactement bien comprendre comment la souveraineté de Dieu s’accorde avec la responsabilité humaine, sous peine de damnation éternelle. Le texte biblique insiste sur le fait que Dieu seul est l’auteur du salut pour que « personne ne puisse vanter » (v. 9).

Parce que si j’avais la moindre part de responsabilité dans mon salut, si je pouvais dire «  moi j’ai accepté Jésus-Christ », ou «  moi j’ai compris comme il le fallait », je pourrais dire «  moi je suis meilleur qu’ eux , ces affreux pécheurs qui méritent leur sort. » Et on retombe dans cette attitude de la chair, ou tout est centré sur moi.

Dieu ferme complètement cette porte : « vous étiez morts. » Les morts ne font pas de choix. Les morts ne comprennent rien. Un mort ne peut pas se ressusciter. « Dieu nous a choisis avant la fondation du monde » (1, 4) donc même si toi tu l’as choisi il y a 10 ans, lui il t’a choisi bien avant. C’est Dieu seul qui nous sauve.

Alors comment est-ce que Dieu nous a sauvés ? Et comment est-ce que cela résout notre problème d’être repliés sur nous-mêmes ?

Le problème, on l’a vu, c’est que je veux prendre la place de Dieu : je veux être le centre de l’univers, que tout tourne autour de moi, que tout le monde me serve.

La solution, c’est Dieu qui prend ma place. Dieu se fait homme, et se met à ma place. Il prend ma transgression, ma condamnation, ma colère, ma mort. Et au lieu de la mort, je reçois la vie. Au lieu d’être appelé transgresseur, je suis appelé saint. Au lieu d’être soumis à des esprits démoniaques, je suis soumis au Saint-Esprit. Au lieu de mon ancienne nature, je suis recréé avec une nouvelle nature. Au lieu d’être enfant de la colère, je suis enfant de Dieu.

Cela découle sur une nouvelle vie, que Paul décrit de deux manières :

  1. Nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ.
  2. Nous sommes en marche pour pratiquer les œuvres bonnes que Dieu a prévues pour nous.

Premièrement, cette vie que je reçois, c’est une vie de repos. Plus besoin de courir dans tous les sens pour être comblé, je suis comblé en Jésus-Christ. Paul le dit ainsi : « vous avez été ressuscités avec le Christ. Avec lui, vous êtes assis dans les lieux célestes. » (v. 6). Vous n’êtes plus à de courir selon le train de ce monde, vous êtes assis à la droite de Dieu, dans les lieux célestes. Sans aucun doute sur un trône merveilleux.

C’est à dire que notre soif d’être valorisés, d’être reconnus, Dieu seul peut la combler, et Dieu seul le fait. Et il le fait en nous couvrant d’honneur. On voit dans l’épître aux Ephésiens que tout ce que nous avons, nous l’avons en Christ . Tout ce que nous sommes, nous le sommes en Christ . En Christ, je suis saint, parce qu’il est saint. En Christ, je suis béni parce qu’il est béni. Ici, en Christ, nous sommes ressuscités, et comme il a été glorifié dans son ascension, en lui nous sommes couverts d’honneurs.

Imagine un banquet merveilleux… et le Roi qui trône au milieu de son peuple qui l’acclame. Et le Roi pose le regard sur toi, et te dit : « viens t’asseoir à côté de moi ». Lorsque l’on peut se nourrir de cette image, réaliser que Dieu est réellement bon et bienveillant, qu’il pose un regard tellement plein de grâce sur nous, qu’il est fier de nous en Christ, que l’on peut manger à cette table, alors on n’a plus besoin de grappiller des miettes de reconnaissance à gauche et à droite. Plus besoin d’être complètement centré sur soi, mais on peut se mettre en marche d’une manière nouvelle.

Deuxièmement, donc, Paul nous dit qu’en Christ, nous sommes une nouvelle création, une œuvre d’art, créée « pour des œuvres bonnes que Dieu préparées d’avance afin que nous y marchions » (v. 10). Parce que je ne suis plus en train de courir à ma perte, parce que je suis assis dans les lieux célestes en Christ , au repos, comblé, satisfait, alors je peux me mettre en marche à Corsier , pour rentrer dans les œuvres que Dieu a préparées pour moi.

Puisque je suis comblé, je n’ai plus besoin de courir après la gloire et l’honneur, mais je peux travailler à honorer les autres, je peux travailler pour la gloire de Dieu. Non plus à partir d’une position où j’ai faim, où je suis en manque, mais à partir d’une position où je déborde, où je donne de mon abondance.

Puisque je suis en sécurité en Christ, je n’ai plus besoin de rechercher la sécurité autour de moi à tout prix, mais je peux travailler pour la sécurité des autres. Je peux même me mettre dans des situations dangereuses pour moi, si cela peut aider d’autres à se mettre en sécurité en Dieu.

Je n’ai plus besoin de vivre pour moi, je peux vivre pour Dieu, parce que Jésus est mort et ressuscité pour moi.

Conclusion

Comment se mettre en marche ? Comment rentrer dans cette vie à laquelle Dieu nous appelle ? Comment faire pour que ce ne soit pas juste une information dans notre tête, mais que ce soit une transformation de notre vie ?

On est toujours dans la première partie de la lettre (ch. 1–3), où l’on contemple simplement ce que Dieu a fait pour nous. Au chapitre 4, on verra quels sont les efforts qui nous sont demandés concrètement, lorsque Paul parlera de se « dépouiller de l’ancienne nature », « être renouvelé dans notre intelligence par le Saint-Esprit », et « revêtir la nouvelle nature » (4, 21-24).

En attendant, le texte nous donne un moyen pratique pour goûter un peu à cette réalité, en plus de se souvenir de sa position en Christ dans les lieux célestes. Ce moyen, c’est le suivant : « C’est par grâce que vous êtes sauvés, c’est le don de Dieu, ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie . » (v. 8-9).

Est-ce que vous avez déjà essayé d’arrêter de vous glorifier, de vous vanter ? Essayé d’arrêter le petit ordinateur qui cherche toujours à me mettre en avant ? On n’y arrive pas. Ce qu’il faut faire, avec ce petit ordinateur, c’est le reconfigurer. Pour arrêter de s’auto-glorifier, il ne faut pas arrêter de glorifier tout court, mais il faut apprendre à glorifier quelqu’un qui le mérite vraiment.

Plus je suis passionné par Jésus-Christ, plus je suis fier de lui, plus je vois combien il est beau, combien il est désirable, plus c’est lui qui captive mes aspirations, mes désirs, mes pensées. Et moins j’ai besoin de me glorifier moi-même, moins je suis soumis à l’addiction de mes propres désirs qui me consument.

La clé pour arrêter de se mettre en avant, ce n’est donc pas d’être détaché, moins passionné par moi, mais d’être plus passionné par Jésus-Christ.

22  Voici ce que dit l’Eternel : Que le sage ne se montre pas fier de sa sagesse, que le fort ne se montre pas fier de sa force, que le riche ne se montre pas fier de sa richesse, 23  mais que celui qui veut éprouver de la fierté mette sa fierté dans ceci : le fait d’avoir du discernement et de me connaître. De savoir que je suis l’Eternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre. Oui, c’est cela qui me fait plaisir, déclare l’Eternel. (Jérémie 9, 22-23).

Et Paul dira :

En ce qui me concerne, jamais je ne tirerai fierté d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. (Galates 5, 14).

Ainsi pour sortir de ce train de vie qui nous épuise en nous faisant courir dans tous les sens, tournons les regards vers Jésus-Christ, soyons fiers de lui, et découvrons-nous assis en lui, comblés en lui. Nous recevrons ainsi la force nécessaire pour nous mettre en marche, et être témoins de cet immense amour et de cette grâce incroyable auprès des gens que nous rencontrons.

Amen.

 

  1. Prédication délivrée par Olivier Keshavjee dans la paroisse de Corsier-Corseaux, le 3 avril 2016, sur Éphésiens 2, 1-10. L’approche du texte a été inspirée en partie par une prédication du pasteur presbytérien new-yorkais Tim Keller, Alive With Christ , 30 octobre 2011.
  2. Commentaire sur Romains 8, 3.

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